Sommaire
Au menu du deuxième numéro de votre rubrique la Revue Ferroviaire :
- Au Sénégal, on replonge dans l’histoire du Chemin de Fer, avec une lettre authentique signée par le Khalif Général des Mourides, Cheikh Abdoul Ahad MBACKE, en 1975 et adressée au Directeur de la Régie des chemins de fer du Sénégal à Thiès.
- L’historien Omar GUEYE passe en revue les grandes étapes du ferroviaire au Sénégal.
- Dans son tube Sakhar Gui, clip tourné à la gare de Dakar, l’illustre chanteur Ndiaga MBAYE utilise la métaphore du voyage en train pour enseigner des leçons de vie.
- Au Cameroun, la liaison ferroviaire Yaoundé-Douala attend le feu vert du Gouvernement.
- En France, le train du futur TGV-M est en cours de fabrication
Sénégal…
Lettre de Serigne Cheikh Abdoul Ahad MBACKE, Khalif Général des Mourides (1975), au Directeur de la Régie des Chemins de Fer du Sénégal à Thiès
En 1975, le Khalif Général de la Confrérie des Mourides, Serigne Cheikh Abdoul Ahad MBACKE, adresse une lettre au Directeur de la Régie des Chemins de Fer du Sénégal à Thiés. Ce, en vue de la circulation des trains pour le Magal de Touba, tenu le 2 Mars de la même année.
Une lettre authentique que vous retrouverez ci-dessous



L’historien Omar GUEYE revient sur les grandes étapes du chemin de fer au Sénégal
Le chemin de fer a participé au brassage des populations de l’Afrique occidentale française (AOF), au développement de villes ferroviaires et à l’émergence d’élites politico-sociales issues du mouvement syndical, résume l’historien Omar Guèye, enseignant à l’Université Cheikh-Anta-Diop (UCAD) de Dakar.
‘’L’histoire des chemins de fer est liée à la colonisation française en général et à la mise en valeur des colonies plus précisément’’, avance le professeur Guèye, spécialiste de l’histoire moderne et contemporaine, dont les recherches portent sur des questions liées au travail, à l’histoire du mouvement syndical au Sénégal et en Afrique occidentale française (AOF) ainsi que sur le mouvement social de “Mai 68” au Sénégal.
Selon l’universitaire sénégalais, le chemin de fer a été surtout ‘’un lien ombilical’’ entre les différents territoires français de l’Afrique occidentale.
Dans le même temps, souligne l’enseignant-chercheur, le chemin de fer a servi à drainer les produits de l’intérieur des territoires colonisés vers les villes portuaires.
Ce qui fait que les lignes qui ont été construites dès le XIXe siècle ont eu comme objectif principal de servir à désenclaver l’intérieur pour la circulation des produits et des biens, selon l’historien.
‘’L’hinterland a ainsi connu plusieurs lignes dont la plus célèbre fut la ligne Dakar-Niger. Il y avait d’autres lignes, comme celle du Nord qui va à Saint-Louis. Il existait des lignes annexes comme Abidjan-Niger, qui vont servir à désenclaver tous les territoires de l’intérieur’’, a-t-il rappelé.
C’est ainsi que ‘’le chemin de fer est devenu un véritable personnage dans l’histoire de la colonisation française et même dans l’imagerie populaire’’, a soutenu l’historien.
Il signale que le chemin de fer est par exemple associé à la lutte de Lat Dior contre la pénétration française dans le Cayor, avec la chanson populaire ‘’Malaw guissoul rail-bi’’ (Malaw, le cheval de Lat Dior, n’a pas vu le chemin de fer), le chemin de fer étant perçu à cette époque comme un instrument appelé à mettre fin à la souveraineté des pays concernés.
En tant que personnage, le chemin de fer va devenir ‘’un très grand enjeu’’ politique et économique par l’importance des produits drainés, puis un enjeu social.
Quand la ville de Touba a été créée, une ligne avait été spécialement construite par les mourides eux-mêmes du temps du khalife Mouhamadou Moustapha Mbacké. Ce qui atteste de l’enjeu économique du chemin de fer qui servait à drainer le matériel pour la construction de la mosquée de la capitale du mouridisme, selon le professeur Guèye.
Les transformations induites par le chemin de fer
Le chemin de fer a été le principal élément de drainage des produits de l’intérieur vers les villes portuaires pour être exportés vers la France, a analysé l’historien sénégalais.
Professeur Omar Guèye note que l’économie de l’Afrique Occidentale française avait souffert de la grève des cheminots de 1947-1948, notamment sur le plan économique dans la mesure où les produits étaient restés pendant longtemps sans être drainés vers les villes portuaires.
D’où cette déclaration de Paul Bêchard, haut-commissaire de l’AOF, au sortir de cette grève : ‘’Il n’y eut ni vainqueurs ni vaincus, à l’issue de la grève. C’est l’économie de l’AOF qui a perdu’’, en référence aux conséquences de cette crise sociale.
Selon l’historien sénégalais, l’introduction du rail a du coup participé au développement du syndicalisme, chez les cheminots en particulier, de même qu’elle a contribué à susciter une conscience politique et nationaliste et à l’émergence d’élites politico-sociales issues du mouvement syndical.
‘’A l’occasion des luttes d’envergure, on verra une certaine solidarité entre ces populations elles-mêmes. Aussi, avec l’implantation des gares, on aura à chaque point d’escale’’ un lieu ‘’où les populations et les marchandises se rencontrent’’, a-t-il dit.
Omar Guèye a aussi fait état d’un ‘’développement embryonnaire’’ de villes tout le long du chemin du fer, notamment Thiès, communément appelé ‘’la ville aux deux gares’’, où il y a eu un très fort brassage avec des quartiers qui regroupaient des ressortissants d’autres territoires de l’AOF, à l’image du quartier bambara.
De la même façon, a ajouté l’historien, comme dans les autres gares ferroviaires (Louga, Gossas, Guinguinéo, Tambacounda, etc.), il y avait une activité induite par le chemin de fer sur le plan économique et social et de l’architecture urbaine liée aux gares ferroviaires.
‘’On verra plus tard qu’avec la chute du chemin de fer, toutes ces villes vont décliner en même temps que cette activité’’, a-t-il analysé, soulignant que toute une série de villes étaient liées au développement du chemin de fer, avec la création des gares.
Parmi les villes principales, il a cité Thiès qui était un pivot du chemin de fer tant au niveau économique, politique et social. Dans l’axe Nord, on retrouve les villes de Louga, Sakal, Saint-Louis, etc. Vers le Centre et l’Est, il y a toute cette lignée de villes comme Gossas, Guinguinéo, Tambacounda, Kidira jusqu’à Bamako (Mali).
Selon Omar Guèye, ce sont des villes qui ont connu leur splendeur du temps où le train fonctionnait.
Il y a aussi que le chemin de fer va influer l’aménagement des territoires. “Dans la mesure où Dakar va émerger, elle va diminuer l’influence des autres villes portuaires qui étaient le point d’aboutissement du chemin de fer’’, a indiqué professeur Guèye.
Source : APS.SN

Rétro Vidéo : Ndiaga MBAYE – Sakhar Gui
Ndiaga MBAYE (1948-2005) a marqué le paysage de la musique sénégalaise. Sur la vidéo ci-dessous, il interprète le morceau Sakhar Gui, sorti en 2000. Le clip est tourné à la gare de Dakar. Dans cette chanson, Ndiaga MBAYE, parle en parabole. Le voyage en train est ainsi comparé au parcours d’une vie.
En Afrique…
CAMEROUN
Liaison Yaoundé-Douala : Bolloré suspendu au feu vert du gouvernement
Quatre ans après la catastrophe d’Eseka, Camrail (groupe Bolloré) entend renouer avec un service premium de transport de passagers, avec son nouveau train express.
Les photos ont fuité la semaine dernière sur les réseaux sociaux camerounais. Une locomotive de couleur rouge tractant des voitures de passagers peintes de blanc et de vert, à la sortie de la gare d’Edéa, à une quarantaine de kilomètres de Douala. La Cameroon Railway Company (Camrail) entamait ainsi des essais techniques, avant la mise en service du train express entre Douala et Yaoundé.
La compagnie ferroviaire s’apprête ainsi à relancer un service premium de transport des passagers entre les deux principales villes du pays. Une offre auparavant assurée par le train Inter City, interrompue après son déraillement le 21 octobre 2016, dans la localité d’Eseka, et ayant causé, selon les autorités, 82 décès et près de 600 blessés.
« Il devait en principe démarrer en avril, quelques jours avant le Championnat d’Afrique des nations (CHAN) que le Cameroun devait abriter. Mais la crise sanitaire du coronavirus est passée par-là. Nous sommes à présent suspendus au ‘OK’ du gouvernement », explique-t-on au sein de l’entreprise. Outre l’annonce de la date, Yaoundé devra déterminer les tarifs et les arrêts à effectuer entre les deux agglomérations.
Matériel roulant signé General Electric
L’entreprise a pour ce faire déboursé 1,1 milliard de F CFA (1,7 million d’euros), sur fonds propres, pour rénover une rame composée de huit voitures voyageurs, d’un wagon bar restaurant et de deux fourgons. L’État quant à lui a acquis quatre locomotives auprès de General Electric pour les besoins de la cause.
Source : JEUNE AFRIQUE.COM

DANS LE MONDE…
FRANCE
De La Rochelle à Belfort, comment est fabriqué le train du futur made in France, TGV-M
Le 16 juillet dernier, Alstom et la SNCF ont présenté la rame du futur TGV-M, prévu pour circuler d’ici les Jeux Olympiques de Paris en 2024. Si les rames sortiront des ateliers de La Rochelle (Charente-Maritime) de l’industriel, les motrices sont quant à elles en cours de réalisation dans l’usine de Belfort (Territoire-de-Belfort).
La première voiture du futur TGV-M a été présentée au public le 16 juillet dernier. Dans le contrat signé avec l’industriel français Alstom il y a deux ans, en juillet 2018, la SNCF avait passé une commande ferme de 100 trains à grande vitesse nouvelle génération pour un montant total de 2,7 milliards d’euros. “C’est un projet phare pour Alstom qui va concevoir des trains à deux niveaux riches en innovation”, précise Ludovic De Pierrefeu, directeur du projet TGV nouvelle génération chez Alstom.
Alors que le site de La Rochelle (Charente-Maritime) a la charge de réaliser chacune des neuf rames passagers qui vont composer les 100 trains de la commande, l’usine de Belfort (Territoire-de-Belfort) s’occupe de la conception des motrices de tête et de queue de chaque train. “Depuis deux ans, nous avons investi dans une nouvelle ligne ergonomique et polyvalente sur le site de Belfort pour accueillir ces motrices mais aussi des locomotives pour wagons de fret notamment”, détaille le directeur du projet
Penser le train du futur
Le premier TGV-M doit être livré en 2023 et devrait ainsi circuler pour les Jeux Olympiques de Paris en 2024. La totalité des 100 trains est attendue d’ici 2031. Le TGV-M s’inscrit dans les trains de la gamme Avélia Horizon d’Alstom. Il présente des améliorations significatives tant du point de vue économique que pour le confort du passager”, assure Ludovic De Pierrefeu.
Alstom a en effet réduit le coût d’exploitation du train nouvelle génération en réduisant le coût d’acquisition. Pour la SNCF, les économies passeront également par un coût de maintenance diminué de 30% par rapport à la génération actuelle tandis que la capacité du train s’accroit de 20% pour accueillir jusqu’à 740 passagers. “En réduisant la longueur des motrices, nous pouvons insérer une voiture supplémentaire pour la même longueur totale, sans renier sur l’espace entre les fauteuils”, explique le chef du projet.
Le passager pourra profiter de baies vitrées plus larges pour une plus grande luminosité, un conditionnement de l’air “optimal”, un train connecté et intelligent foisonnant d’informations… “Les trains Avélia Horizon comme le TGV-M sont modulaires et donc moins figés. Nous avons désormais la capacité de le faire évoluer dans le temps et de modifier les aménagements intérieurs grâce à de véritables innovations”, projette déjà Ludovic De Pierrefeu.
Source : USINENOUVELLE.COM

CHINE
Un projet ferroviaire interurbain pour stimuler la croissance de Hong Kong et Macao
Un projet majeur de services ferroviaires interurbains pour la région de la Grande Baie Guangdong-Hong Kong-Macao a été dévoilé récemment. Celui-ci devrait permettre de fournir un soutien nécessaire pour les villes faisant partie de l’une des plus grandes zones métropolitaines au monde, notamment les deux Régions administratives spéciales (RAS) de Hong Kong et Macao, qui ont un besoin crucial d’être soutenues pour se défendre contre la récession induite par le coronavirus.
La Commission nationale du développement et de la réforme (CNDR, l’organe suprême de planification économique de Chine) a annoncé lundi dernier avoir donné son accord pour mettre en œuvre une série de projets ferroviaires interurbains dans la région de la Grande Baie. Le plan prévoit d’incorporer les réseaux ferroviaires standard, à grande vitesse et de banlieue, et de créer ainsi un réseau ferroviaire à plusieurs niveaux permettant aux usagers de voyager entre les principales villes de la région de la Grande Baie en moins d’une heure.
Ce réseau devrait compter 4700 km de voies ferrées d’ici 2025 et atteindre 5700 km pour couvrir pleinement les villes de niveau supérieur au xian d’ici 2035. Certaines sections du réseau débuteront leurs opérations, lorsque d’autres seront toujours en construction.
Le plan inclut 13 lignes ferroviaires interurbaines et 5 projets de terminaux avec un objectif kilométrique à court terme de 775 km, impliquant un investissement de 474,1 milliards de yuans (57,4 milliards d’euros). La moitié de cet investissement sera fourni par les réserves budgétaires locales de la province de Guangdong et des villes le long des voies ferroviaires.
« En tant que personne originaire de la région de la Grande Baie, je pense que de tels projets d’infrastructures permettent de canaliser plus d’investissements dans la région, créant ainsi de l’emploi et stimulant le développement économique régional », explique Liang Haiming, le président de l’Institut de recherche iValley des nouvelles Routes de la soie.
« Ce réseau ferroviaire devrait apporter une plus grande commodité de transport et faciliter les flux de talents, logistiques, de capitaux et d’informations entre le Guangdong, Hong Kong et Macao. Il est également propice à l’amélioration de la coopération entre les villes de la zone métropolitaine, notamment en matière d’introduction des ressources de pointe et des règles et modèles avancés des deux RAS », souligne-t-il. Liang Haiming fait remarquer que le réseau facilitera la visite de Hong Kong et Macao pour les habitants du Guangdong, stimulant ainsi le tourisme et les activités commerciales dans les deux villes.
Source : French.China.ORG
